Littérature et cinéma
On ne saurait passer sous silence un événement lié à la catastrophe de 1714. Ph. Bridel, dans sa description de l’excursion qu’il entreprit de Bex à Sion, mentionne en 1786 un incident ancré dans l’esprit de la population d’Aven. Il s’agit du rescapé d’une mort certaine, enseveli qu’il était sous les éboulis. Cet homme est réapparu au village à Noël, soit trois mois après l’éboulement, après s’être frayé une sortie de sa case souterraine. Le pasteur Bridel n’indique pas la source de cette histoire qu’il a copiée et rapportée sous le titre « L’homme du village d’Aven ». Cet épisode s’est transmis de père en fils.
L’écrivain vaudois Charles-Ferdinand Ramuz s’est inspiré de cette anecdote extraordinaire en écrivant son roman Derborence (publié en 1934). Il décrit l’éboulement qui a transformé le paysage en une gigantesque ruine, en un pierrier désertique, inhumain, d’une vision apocalyptique.
Le roman de C.-F. Ramuz fait également l’objet d’un film de Francis Reusser tourné à l’endroit même où la catastrophe avait eu lieu presque 300 ans plus tôt. Au cours des siècles, cette vallée jonchée de rochers épars s’est transformée en un paradis naturel. Les arbres ont repoussé librement entre les gros blocs de calcaire, et grâce à la mise sous protection de cette zone, on y trouve aujourd’hui l’une des rares forêts vierges de Suisse. Derborence est un paradis sauvage pour touristes respectueux.
La rencontre entre un pays et des créateurs produit parfois des œuvres d’une telle singularité qu’elles les lient inéluctablement.
Dossier sur C.-F. Ramuz des archives de la TSR.
L’œil rivé au viseur, le chef opérateur cadre les rochers sous la Quille du Diable. Il filme les nuages menaçants qui s’accrochent aux parois. Son assistant s’inquiète de la lumière, cet autre élément indispensable à la réussite de la prise.